Chronique du Temps Perdu

                      Hyer    Yndex    demayN              
 
Mon pèlerinage pieds nus à l'Oratoire.

Dimanche 21 octobre, une magnifique journée d’automne ensoleillée. Il fait très certainement au-dessus
de 24 degrés présentement. Je suis seul à la maison. Il n’est pas question que je reste enfermé par un
temps pareil.

J’ai envie d’aller me promener dans un parc pour admirer les feuilles, marcher, respirer le grand air. Je
pense aller au Mont-Royal, ou à l’Ile Ste-Hélène, au parc Lafontaine ou encore à l’Oratoire. Aprè quelques
secondes de réflexion, je décide de ma destination : ce sera l’Oratoire. Je vais me rendre à mon travail dans
le Vieux-Montréal, y laisserai mon vélo puis ferai le reste à pied et en métro.

Je souhaite un jour faire St-Jacques de Compostelle à pied. Pas juste à pieds : pieds nus, comme les pélerins
d’antan. J’ai cet image en tête aujourd’hui et je me dis que rendu à l’Oratoire, je vais y faire le chemin de
croix pieds nus. Le chemin de croix est un jardin extérieur que j’avais remarqué lors de notre dernière visite,
avec ma tante et mon épouse.

J’enfourche donc mon vélo, sac à dos, bouteille d’eau, quelques sous en poches ainsi que mes amulettes
porte-bonheur représentants des pieds nus (1).

Après dix minutes de vélo, je m’arrête. Enlève une veste car il fait trop chaud. Puis j’enlève mes sandales.
Je commence le pèlerinage pieds nus tout de suite. Je décide alors de faire le trajet entier aller-retour
jusqu’à l’Oratoire, nu pieds.

J’arrive à mon travail, salue la gardienne de service, échange quelques propos sur la température,
puis dépose mon vélo et repars.

Marche : 20 minutes jusqu’à la station Square Victoria. Le vent est bon et le sol est chaud sous les pieds,
c’est agréable. Il y a en moins un fond de tristesse parce que ces derniers jours ont été difficiles.

Mais cette randonnée qui prend des allures de pèlerinage me fait du bien.

Ensuite, une demi-heure de métro, incluant l’attente, jusqu’à Snowdown. Dans le métro, certaines personnes
me jettent un regard oblique. Je ne suis pas mal à l’aise. Pourquoi les gens sont inconfortables à voir
quelqu’un aller nu pieds ailleurs qu’à la plage ou dans sa maison? Dans le métro, la sensation est différente:
le sol est froid mais moins dur sous le pied que les trottoirs de ciment et l’asphalte des rues.

Enfin, un autre 20 minutes de marche sur Queen-Mary jusqu’à l’Oratoire. Les trottoirs au soleil sont chauds,
les trottoirs à l’ombre sont froids. On ne sent pas ces différences quand on est chaussé.

Arrivé à l’Oratoire, je marche un bon bout sur le gazon avant d’arriver aux marches. Ouf, ça fait du bien
de marcher sur quelque chose de mou et doux pour les pieds. Puis je monte. Je m’arrête pour admirer la vue,
c’est formidable. Nous avons ces choses à Montréal, on devrait en profiter davantage.

Le chemin de croix est à gauche de la salle de repos, aussi appelée la salle des pas perdus. Déception:
le chemin de croix est fermé à l’aide d’une grille cadenassée. J’aurais vraiment aimé visiter ce jardin.

Enfin, je continue mon ascension sur les marches de pierre. C’est une pierre polie, très douce au contact
et comme les trottoirs, chaude au soleil, froide à l’ombre.

A l’intérieur, avant d’arriver à la Basilique, il y a un musée. On y présente une exposition sur les crèches
du monde. Prix d’entrée: contribution volontaire. C’est magnifique, je ne m’attendais pas à ça. De vrais
belles œuvres d’art. Si bien que je me mets à en photographier. Mais je me fais avertir de ne pas photographier,
je n’avais pas remarqué l’interdit à l’entrée. Heureusement, on ne fait pas de cas de mes pieds nus (2).

Outre les crèches, ce musée abrite une section dédiée à la Sainte-Famille. Il s’agit de personnages en cire,
grandeur nature, installé dans un décor, avec un éclairage étudié. Des œuvres faites par Joseph Guardo en 1955.
Des œuvres en 3D d’où se dégage une sensation de vie.

J’ai acheté des cartes de Noel représentant quelques-unes des crèches exposées.

Ensuite je suis allé à la Basilique, je suis allé me recueillir derrière l’autel à l’endroit où ma femme aime se
recueillir, devant une statue de la Vierge. Je ne suis pas dévôt, mais j’ai pris un peu de temps pour méditer
et me calmer.

Après cela, je suis allé visiter la chapelle qu’on appelle primitive, au deuxième étage où se trouve la 
chambre du frère André. Après la visite, j’ai vu cette belle lumière à travers les vitraux… comme c’est beau…
comme un miracle…

Entendant des carillons, je me suis dirigé vers la source de ces sons et j’ai assisté à la fin d’un concert
de carillons. Je l’ai pris en vidéo pour capter la musique. Le soleil miroitait à travers les cloches, ajoutant
à la féérie.

Je me suis rendu ensuite à la boutique de souvenirs, où j’ai acheté 3 CDs, dont 2 des Petits Chanteurs du
Mont-Royal ainsi que deux films, un sur la vie du Frère André par Jean-Claude Labrecque et un autre intitulé
Le Grand Silence, film tourné à l’intérieur d’un monastère, sans autre bande sonore que les chants du monastère
La Grande Chartreuse, dans les Alpes françaises.

Comme j’ai faim, je vais à la cafétéria m’acheter un sandwich aux œufs, avec deux V8 et un biscuit au chocolat.

Je m’assoie pour manger. Un monsieur âgé assis à une autre table croise mon regard, je le salue. Il me salut
et me dit que j’ai l’air d’un campeur. Ah bon… La conversation s’engage, je me rends à sa table pour mieux
entendre ce qu’il dit parce qu’il ne parle pas fort. Il a un regard intense, yeux bleus perçant mais je n’arrive
pas vraiment à comprendre de quoi il me parle. Je lui montre mes achats, il s’en réjouit. Après l’avoir écouté
poliment le temps de finir mon snack, je le salue et le remercie de m’avoir accompagné le temps de ce repas.

C’est le temps du retour, chemin inverse, marche, métro, marche. Je me sens un peu fébrile, à cause de la
stimulation constante de ma plante des pieds par le sol.

Je suis maintenant assis à mon bureau et rédige ce court texte pour rendre compte de mon pèlerinage pieds nus.
J’ai un peu mal aux pieds, particulièrement aux talons.

Je vais bientôt reprendre la route à vélo et terminer cette journée un peu plus serein qu’elle n’a commencé.

Pierreau

 
(1) Petits objets religieux sur lequel on fait référence à ce texte partiel : « Tu n’as vu qu’une seule trace
de pas dans le sable aux moments les plus difficiles de ta vie car à ces moments là, je te portais dans mes bras ».
(2) J’avais préparé une réplique évidemment : Jésus ou Joseph n’allaient-t-ils pas pieds nus eux-mêmes ?